lundi 19 mai 2008

Et c'est reparti...

Virginie la globe-trotteuse reprend son sac et s'envole pour l'Amérique ! A suivre sur American Virginie. (voir ci-contre)

Pour conclure, un peu de poésie, de notre ami Gérard

Traces de pas…

Marques dans la poussière millénaire ou dans la boue.
J’ajoute les miennes que d’autres verront mais ne distingueront pas.
Cadence de la marche,
Regard écartelé entre la beauté du paysage et les obstacles du Chemin.
Le Grand Chemin,
Celui dominé par l’Etoile,
Celui le long duquel m’accompagnent les oiseaux.
Au fil du temps, je m’allège…
Immense privilège de celui qui le suit,
De celui qui avance
Pour arriver là-bas…
Ultreïa !

« GR 65 »

Sous la semelle de leurs souliers,
Que cherchent-ils ?
Ils s’usent à grimper des sommets,
Que cherchent-ils ?
Malgré la fatigue, ils continuent à marcher,
Que cherchent-ils ?

Un jour, je le saurai.

Extraits de « Méandres »Recueil de Poèmes, Poésies et Textes Poétiques
Gérard COURTECUISSE« Rêveur au long cours »

dimanche 18 mai 2008

Retour au point de départ

Il y a 15 jours, Le Puy nous apparaissait comme une ville de province étriquée; aujourd'hui elle nous semble une métropole... c'est que nous revenons de deux semaines dans la nature, face à face avec nous-même, et que nous comprenons seulement ce que nous avons vécu: une merveilleuse parenthèse dans ce monde de fous. Et qu'on ne vienne pas me dire que nous avons fait des efforts inutiles - que nous n'avons même pas maigri - que nous avons été mordues par un chien - oui, bien sûr, si nous étions restées à la maison, nous serions moins fatiguées et rien de tout cela ne serait arrivé.

Mais justement, tout cela nous est arrivé, et dans notre tête il y a des souvenirs pour 1000 ans, de nouveaux amis, des paysages fabuleux, et tant de petites choses inexprimables que même ce blog ne peut les reproduire...
Nous terminons le séjour dans le même restaurant que le premier soir, devant le même petit salé aux lentilles. Et nous passons la nuit dans le même hôtel st Jacques. La boucle est bouclée.
Demain, nous reprenons la voiture qui dort dans un parking souterrain, 850 km et retour au pays.
Comparez la photo avec celle de départ: il me semble que nous avons pris en maturité...

Où l'on retrouve François

Ouf, à Nasbinals, à mi-chemin du Puy, Manu nous débarque, chancelants et nauséeux, et nous devons prendre un autre minibus. Surprise ! Le conducteur est François, le gentil François qui m'a véhiculée le jour où je n'ai pas marché ! Quelle chance ! Nous nous installons à l'avant, et le reste du trajet passe comme un éclair à discuter avec François. Pensées nostalgiques lorsque nous repassons dans les endroits traversés à pied. A Saugues, bonjour Nicole, je t'aperçois dans ton magasin, dommage qu'on ne puisse stopper 5 minutes...


Manu le sauvage


La voilà, cette camionnette, avec une bonne heure de retard; vexé par nos remarques,Manu, le chauffeur, roule à tombeau ouvert sur les routes sinueuses; je tente bien une video sympa, mais à peine les présentations terminées, mon estomac se révolte et je passe une heure à lutter contre le malaise, les yeux fermés; Seva ne vaut pas mieux; faut dire qu'avec Frank, nous sommes au dernier rang du fourgon, et nous ne valons pas mieux que les sacs...

Tout a une fin











Le matin, Conques s'éveille, et nous attendons la camionnette de Transbagages, qui nous sert de taxi pour retourner au Puy; Philippe, Margot et Frank, un nouveau; et aussi Sylviane la rouquine et son ami Christophe (qu'entre nous, nous appelons st Christophe, patron des voyageurs, une boutade, car il est aussi serviable qu'une porte de prison)

Orgue et trompette dans l'église sainte Foy....

Soirée sublime et recueillie dans l'église... J'ai enregistré pratiquement tout le concert, et je vous en livre une partie, fimée depuis la tribune.

Video 4

http://www.youtube.com/watch?v=2BTv4_Wdb-s

Video 3

Video 2

Objectif moins 3 kgs (fin)



Voici notre auberge... Nous dormons tout en haut, derrière une des lucarnes. Le repas nous déçoit un peu, surtout Seva, qui a choisi du chou farci, plutôt écoeurant avec sa farce de pâté de truite; pour la gastronomie, il aurait fallu descendre à l'hôtel sainte Foy, l'établissement de luxe du coin. Heureusement le petit vin nous rend euphorique et nous fait même prononcer d'imprudentes promesses... Jugez-en en écoutant les 4 videos ! (dans l'ordre chronologique) La dernière est émouvante.


PS. Nous n'avons pas perdu un gramme et la video où Claude chante est ratée.


Le trésor de Conques


Le cloître est malheureusement détruit... mais le trésor renferme des pièces fabuleuses dont le chef d'oeuvre est la statue reliquaire de sainte Foy (9ème siècle), en bois recouvert d'or et incrusté de pierres précieuses.

L'église sainte Foy


Si vous n'avez pas le vertige, accompagnez-moi dans ma visite...

Sainte Foy et son fameux tympan


Nous retrouvons nos Américains devant le tympan de Conques, très amusés par l'histoire de sainte Foy la petite martyre du lieu (toujours à votre disposition pour les détails historiques); photo des héroïnes et commentaires du guide...

(moi qui hésitais à entrer dans l'église en short, pas de problème, toutes les tenues s'y côtoient, et même les chiens accompagnent leur maître...)

Le pont romain







Il enjambe le Dourdou, tout au fond de la vallée, et pour remonter vers l'église, dur dur...



Clin d'oeil à mes cousins, s'ils lisent ce blog; je savais qu'ils projetaient un nouveau déménagement, mais si je m'attendais à les découvrir à Conques !

Nous voilà à Conques !




La petite ville est comme dans mes souvenirs, superbe, nichée au creux d'une vallée perdue, serrée autour de son église romane; éminemment touristique... on y voit des pélerins, reconnaissables à leur tenue et leur barda, mais surtout des touristes venus en voiture - et on refait connaissance avec une forme de civilisation, les hauts talons, les boutiques de souvenirs kitsch, les terrasses bondées; la fraternité du chemin dépassée par le tourisme de consommation.


J'ai réservé une chambre à l'auberge St Jacques, sans surprise elle se situe sous les combles, et notre enthousiasme fait plaisir à entendre...

Arrivée à Conques

Suivez le guide...

Dernière descente sur Conques !


La video parle pour nous !

Faune locale







No comment !

8 mai: dernier jour de marche !




Nous voyons enfin le but... Plus que 12,5 km pour atteindre Conques. Nous y serons vers 13 heures...


Traversée de Sénergues et bout de chemin avec Philippe et Margot; plusieurs croisements avec Jacquot-la-classe; et long parcours sur une départementale - ce qui doit déplaire à Frison-Roche, qui a disparu du circuit. Peut-être a-t-il préféré quelque sentier bucolique ou opté pour une sieste dans son hamac ?


Hôtel de la Vallée à Espeyrac




C'est un petit hôtel-gîte vieillot et simple, très bien tenu, où tous les pélerins se retrouvent le soir, car c'est le seul restaurant d'Espeyrac. La bouffe fait un peu cantine, mais la chaleur de la compagnie fait oublier la frugalité du menu. Nous rions beaucoup avec les Américains et ING notre Canadien. Jamais je n'aurais pensé que Compostelle avait autant de succès outre-Atlantique !


Nous dormons évidemment dans les combles : ah ! monter les escaliers en fin de rando, avec les gros sacs ! Epreuve quotidienne - pourquoi donc les chambres avec salle de bains sont-elles toujours au fond du couloir du dernier étage ???

samedi 17 mai 2008

La vieille garde américaine


Ils sont cinq, et le plus âgé (au fond, à droite) a 75 ans ! Ils sont joviaux et bavards; à la petite épicerie d'Espeyrac, leur grande préoccupation est de bien choisir le vin... Je leur donne quelques conseils. Nous, les Belges, ils nous associent définitivement à la bière.

A l'avant-plan à droite, c'est ING le Canadien.

Entre Estaing et Espeyrac







Le parcours est très agréable, très beau, sous-bois ensoleillés, sentiers intimistes, ruisseaux bucoliques, des vues pour calendriers... C'est long, 24,5 km, surtout pour moi, mais je ne capitule jamais: nous arrivons à Espeyrac, pour retrouver les Américains en train de boire une grande bière à la terrasse de l'unique hôtel ! Nous les imitons, ça va de soi, et nous faisons connaissance avec ING (surnom, il porte un ti-shirt au logo de cette banque, siège Ottawa), Canadien super sympa, qui a pris une année sabbatique pour "faire" st Jacques. Encore un ...

Gerard, cette photo est pour toi


Nous avons trouvé exactement la maison qui te conviendrait: certainement bon marché à l'achat; après quelques travaux, deviendrait très style, très classe; promis, on viendrait boire un pot tous ensemble; reste plus qu'à convaincre ta femme !

Nouvelle rencontre...




Encore un marcheur solitaire, un peu mystérieux, qui se présente comme un vieux guide de Chamonix, en quête d'entraînement; il se plaint du parcours, trop de tronçons sur les routes asphaltées (nous ça nous plaît d'éviter un peu la boue); il déclare dormir à la belle étoile, dans un hamac ! A Campuac, où nous stoppons pour le casse-croûte, il se couche en plein soleil pour une petite sieste - nous le retrouverons le soir, attablé au seul restaurant d'Espeyrac, rouge comme une écrevisse... Surnom: Frison-Roche (inévitable); pas de photo.

7 mai: dernière grosse étape




Aujourd'hui, lever à l'aube, car nous avons 24,5 km à parcourir... C'est le dernier gros effort avant d'atteindre Conques, demain.


Adieu Estaing, qui s'éveille sous la brume !

Auberge St Fleuret




Voilà qui nous change du sinistre hôtel des Voyageurs ! Petite auberge confortable, bonne table, bon accueil, et le soleil revenu. Rien de tel pour nous réconcilier avec la vie...

Nouvelles rencontres


Beaucoup de pélerins que nous connaissions ont terminé leur parcours au bout d'une semaine, à Nasbinals; ceux qui vont jusqu'à Compostelle marchent plus vite que nous... Aussi nous rencontrons de nouvelles têtes. Voici Jacquot-la-classe (surnom, pas de photo), qui marche seul, est convaincu d'avoir toujours raison en tout, et nous demande de but en blanc si nous sommes lesbiennes...

Voici un groupe de cinq américains, très détendus, excellents marcheurs et terribles bavards.

Voici un couple taciturne: madame est rousse et collectionne les trèfles à quatre feuilles.

Nous les croiserons de nombreuses fois jusqu'à Conques...

En attendant, nous voici arrivées à Estaing, superbe petite ville au bord du Lot, dominée par un château et une église, qui, de loin, ne semblent faire qu'un bâtiment unique.

6 mai : vers Estaing











Vous ne suivez plus ? Pourtant c'est facile: chaque jour, nous marchons une petite vingtaine de kilomètres, et dans 3 jours nous serons à Conques. Aujourd'hui le temps est maussade. Deux jolies églises romanes: l'église de Perse à Espalion, et celle de St Pierre de Bessuejols. La ville d'Espalion, au bord du Lot, est une grosse bourgade où l'on vend même des frites, et une petite nostalgie du pays nous prend. A la sortie de St Pierre, un sentier boueux qui monte interminablement dans les bois, et puis un autre, caillouteux et glissant qui redescend vers la vallée. Comme la vie, tout est toujours à recommencer. Nous marchons ensemble désormais, Seva m'attend quand je m'attarde un peu.

St Côme d'Olt


est une charmante bourgade aux ruelles moyenâgeuses, bâtie au bord du Lot (avatar de l'Olt...); après un intermède culturel dans la "Chapelle des Pénitents", où l'on nous apprend tout, mais vraiment tout, sur les clochers tors dans le monde, nous attendons avec impatience le repas du soir: c'est qu'on a faim quand on marche ! Hélas, à 19h30, notre hôtesse fait l'étonnée, elle n'a rien prévu... Nous sortons donc à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Encore hélas, c'est lundi, tout est fermé, y compris la boulangerie; il y a bien un café mal tenu, peuplé d'hommes qui nous jaugent, le regard lubrique: fuite en avant.

Notre hôtesse a alors pitié de notre détresse: elle nous sert une omelette avec 3 feuilles de salade et un morceau de pain rassis. Directement sur la table en formica, pas de nappe, pas de chichis. Pour une fois pas d'agapes caloriques. Nous nous consolons avec un demi-litre de rouge populaire !

Hôtel des voyageurs




Comment j'ai déniché cet hôtel, je ne sais trop... son adresse traînait dans le topo guide, et comme nous avions décidé de privilégier les hôtels, il n'y avait pas d'autre choix à St Côme d'Olt.


La façade vous donne une idée, et l'intérieur est à l'avenant; on se serait cru dans un roman de Simenon ou un vieux film en noir et blanc avec Jean Gabin; mais personne pour dire "t'as d'beaux yeux, tu sais", car nous sommes les seules clientes, reléguées au fond du couloir du dernier étage, et notre premier mouvement est d'ouvrir les fenêtres pour tenter d'éliminer l'odeur de renfermé qui règne dans la chambre... Tapisserie vieillotte à fleurs, installation électrique d'un autre âge (obligées de brancher le sèche-cheveux dans le couloir!), mais - ouf ! une petite salle de bains correcte (notre seul luxe pour ce soir). Cet hôtel sinistre est tenu par un vieux couple ronchon qu'on verrait bien dans le rôle du "Chat" de Simenon.

Sortez les mouchoirs !







Nos chemins se séparent à St Côme... Seva et moi dormons ici, et les hommes continuent jusqu'à Espalion, 9 km plus loin. Adieu ! Claude et Bernard, nous espérons que vous arriverez sans encombre à Compostelle; Gérard, que tes rotules tiennent le coup; et nous attendons vos messages avec impatience !

Les clochers tors


Nous approchons de st Côme d'Olt et Bernard - notre intarissable érudit - nous fait un cours sur les clochers tors (pour ne pas dire tordus), véritable prouesse d'architecture. (Les malveillants suggèrent que le menuisier avait abusé du petit Cahors, mais c'est calomnie)

Rencontré sur le chemin...


Cet anonyme qui marche jusqu'à Compostelle... pour la septième fois !! No comment.

Repos des héros


A part Gérard, tout le monde a l'air d'avoir le moral dans les chaussettes... Mais regardez les videos !
Dans la deuxième apparaissent Philippe et Margot, que nous reverrons à Conques...


La buvette de Roger







Un thé ou un café (une pièce dans la tirelire), sous la protection de st Jacques, et l'on repart dans le brouillard; regardez le pas décidé de Seva: je suis sûre que si elle pouvait prendre 2 mois sabbatiques, elle accompagne Claude et Bernard jusqu'à Compostelle...